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La Charte d'Amiens

La CGT-FO se réfère à la Charte d’Amiens, le symbole de l’indépendance du syndicalisme par rapport au politique.

La Charte d’Amiens

Voici le texte intégral de la Charte d’Amiens, adoptée lors du 9ᵉ congrès de la Confédération générale du travail (CGT) en octobre 1906 :

Le Congrès confédéral d’Amiens confirme l’article 2, constitutif de la CGT : « La CGT groupe, en dehors de toute école politique, tous les travailleurs conscients de la lutte à mener pour la disparition du salariat et du patronat. »

Le Congrès considère que cette déclaration est une reconnaissance de la lutte de classe, qui oppose sur le terrain économique les travailleurs en révolte contre toutes les formes d’exploitation et d’oppression, tant matérielles que morales, mises en œuvre par la classe capitaliste contre la classe ouvrière.

Le Congrès précise, par les points suivants, cette affirmation théorique :

  • Dans l’œuvre revendicatrice quotidienne, le syndicalisme poursuit la coordination des efforts ouvriers, l’accroissement du mieux-être des travailleurs par la réalisation d’améliorations immédiates, telles que la diminution des heures de travail, l’augmentation des salaires, etc.
  • Mais cette besogne n’est qu’un côté de l’œuvre du syndicalisme : il prépare l’émancipation intégrale, qui ne peut se réaliser que par l’expropriation capitaliste ; il préconise comme moyen d’action la grève générale et il considère que le syndicat, aujourd’hui groupement de résistance, sera, dans l’avenir, le groupement de production et de répartition, base de réorganisation sociale.

Le Congrès déclare que cette double besogne, quotidienne et d’avenir, découle de la situation des salariés qui pèse sur la classe ouvrière et qui fait, à tous les travailleurs, quelles que soient leurs opinions ou leurs tendances politiques ou philosophiques, un devoir d’appartenir au groupement essentiel qu’est le syndicat.

Comme conséquence, en ce qui concerne les individus, le Congrès affirme l’entière liberté pour le syndiqué de participer, en dehors du groupement corporatif, à telles formes de lutte correspondant à sa conception philosophique ou politique, se bornant à lui demander, en réciprocité, de ne pas introduire dans le syndicat les opinions qu’il professe au dehors.

En ce qui concerne les organisations, le Congrès déclare qu’afin que le syndicalisme atteigne son maximum d’effet, l’action économique doit s’exercer directement contre le patronat, les organisations confédérées n’ayant pas, en tant que groupements syndicaux, à se préoccuper des partis et des sectes qui, en dehors et à côté, peuvent poursuivre en toute liberté la transformation sociale.

Explication succincte de la Charte d’Amiens

La Charte d’Amiens marque une étape clé dans l’histoire du syndicalisme français. Son sens principal réside dans trois éléments fondamentaux :

  1. Indépendance syndicale : La Charte affirme que les syndicats doivent rester indépendants de tout parti politique ou courant philosophique. Cela signifie que les actions syndicales doivent se concentrer exclusivement sur la défense des travailleurs sans être influencées par des objectifs extérieurs.

  2. Reconnaissance de la lutte des classes : La Charte établit que les syndicats sont engagés dans une lutte des classes, c’est-à-dire un conflit économique et social entre la classe ouvrière et la classe capitaliste. Cette lutte vise à abolir le salariat et le patronat, considérés comme les fondements de l’exploitation.

  3. Double mission des syndicats : La Charte définit deux axes principaux pour l’action syndicale :

    • Une lutte quotidienne pour améliorer les conditions de vie des travailleurs (salaire, horaires, conditions de travail).
    • Une lutte à long terme pour transformer radicalement la société en abolissant le système capitaliste, via des outils tels que la grève générale.

En résumé, la Charte d’Amiens défend un syndicalisme révolutionnaire, autonome et axé à la fois sur des revendications immédiates et des objectifs de transformation sociale. Elle pose les bases d’un modèle syndical qui refuse la subordination aux partis politiques, tout en prônant une lutte collective pour l’émancipation des travailleurs.