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EDITO MARS / AVRIL 2018

Assassiner le syndicalisme de proximité pour mieux détruire la SNCF

 

Les mots paraitront peut-être un peu forts pour certains, pourtant c’est bien à une mise à mort, à une exécution en bonne et due forme, que nous assistons.
Habituellement les éditoriaux de notre journal sont à destination bien entendu, de nos adhérents, mais ils s’adressent plus largement aux cheminots.
Au travers de celui-ci nous voudrions alerter l’ensemble de la corporation des risques mortels qui pèsent sur l’entreprise historique, la SNCF, et sur l’existence même des outils de résistances que sont les syndicats. Il est temps que les représentants syndicaux de tous bords puissent se poser les bonnes questions.


Comme le dit le vieil adage :
« l’assassin revient toujours sur les lieux de son crime », et cela afin de voir l’effet escompté de son acte sur les proches de la victime. Là s’il revient s’est pour en mettre une seconde couche. Petit retour en arrière : Tout a commencé avec la loi d’aout 2008 dite de représentativité syndicale.
Celle-ci est un véritable apartheid syndical, une voix aux élections professionnelles ne compte pas de la même façon en fonction que vous ayez voté pour une organisation qui a atteint ou non la barre des 10%.
Cette loi et son application n’auraient pas dérangé un certain gouvernement d’Afrique du Sud ! Nous sommes bien loin du vieux concept républicain, un homme une voix.

C’est donc une véritable discrimination que subissent les cheminots et dont les organisations syndicales dites représentatives s’accommodent parfaitement. Rappelons que cette loi scélérate et son application drastique à la SNCF interdit même la libre désignation du Délégué Syndical.
Et n’oublions pas que cette loi est issue d’une position commune CGT/CFDT/MEDEF/CGPME et qu’elle fût votée sous la présidence Sarkozy.
Mais pour les gouvernements qui se sont succédés il fallait aller plus loin.
C’est donc tout naturellement que le gouvernement Hollande en a rajouté une couche au travers de la loi travail (El Khomri) et le tout a été parachevé par les ordonnances portant le nom de l’actuel président Macron.
Cela s’apparente à la méthode du rasoir à deux lames : la première instaure la fausse représentativité, la seconde fauche les derniers droits existants.
Au travers de l’instauration des CSE en lieu et place des Instances Représentatives du Personnel existantes ( CE/ DP/CHSCT…) la SNCF compte dynamiter le droit social. Si vous y rajoutez la fusion des régions pour coller à la réforme administrative ( Grand Est, Hauts-de-France, Nouvelle Aquitaine, Auvergne-Rhône-Alpes, Occitanie…) vous obtenez un cocktail détonnant.
Des périmètres tentaculaires, des moyens amputés, certains parlant de 95% en moins !!!
La proximité du délégué sur le Groupe Public Ferroviaire, c’est environ 10000 mandats tout confondu ( DP/ CHSCT/CE ) au plan national, avec le passage en CSE il ne resterait que 400 mandats…
Les représentants du personnel ne seraient plus des élus de proximité, ne seraient plus les collègues de travail qui partagent quotidiennement les conditions de vie et de travail. Ils seraient coupés des réalités, coupés de leur base, ils deviendraient les partenaires privilégiés de la direction et non des délégués mandatés pour porter les revendications auprès de la direction ou des pouvoirs publics.
Le rôle du délégué est-il d’être partenaire (social) de la direction ou représentant du personnel ? Pour Force Ouvrière la réponse coule de source.
Prenons un exemple concret : dans son rôle de délégué du personnel, le représentant est amené à porter les réclamations individuelles et collectives des salariés.
Tout le monde sait qu’un directeur a une position dominante sur ses salariés qu’ils soient employés, ouvriers, maitrises ou cadres. C’est justement le délégué du personnel qui n’a pas de lien de subordination dans le cadre de son mandat qui peut défendre bec et ongles les revendications de ses collègues!
Avec l’éloignement des Instances Représentatives du Personnel, mais aussi la réduction drastique du nombre de représentants, le salarié va se retrouver seul face au patron !
Chacun est en droit de se poser la question, pourquoi un tel acharnement ?
Il faudrait être pour le moins candide de penser que la situation sociale n’a pas de lien.
Pourquoi de tels découpages ? La direction en véritables apprentis bouchers une fois de plus charcute les périmètres des anciens Comités d’Établissement.
Elle continue ce qui avait été entrepris lors des élections de novembre 2015 s’appuyant sur la loi d’aout 2014, les Comités d’Établissements ayant déjà subi des découpages collants aux trois EPIC ( SNCF, Réseau, Mobilités ).
La volonté de la direction est d’éloigner le militant, l’élu du personnel de la base, afin d’isoler les salariés, les cheminots, pour qu’ils ne puissent plus faire bloc.

Détruire la solidarité de classe, casser la résistance.
Tout cela se déroule dans un contexte particulier. La spirale infernale du désossement de l’entreprise publique continue, les attaques sont tous azimuts : éclatement de la SNCF en trois EPIC, généralisation de l’ouverture à la concurrence (après le Fret, les TER en attendant Voyage…), transferts des personnels à statut vers des entreprises privées, menaces sur les contractuels, remise en cause du statut et du régime de retraite, chantage à la dette… N’en jetez plus !
D’un côté on détruit l’entreprise historique, de l’autre on désarme les cheminots en cassant leurs outils que sont les syndicats.
Au-delà des querelles de boutique il est du devoir impérieux des organisations syndicales qui refusent de laisser un champ de ruine en lieu et place de la SNCF et un no man’s land syndical de se réunir pour appeler à la résistance. C’est ce que la fédération Force Ouvrière des cheminots propose.

Nous en appelons à la légitime défense. Non à l’assassinat de l’action syndicale et de la SNCF !
Abrogations :
De la loi d’aout 2008 (représentativité syndicale), De la loi d’aout 2014 (portant réforme ferroviaire), De la loi Travail (El Khomri), Des ordonnances Macron. Maintien des Instances Représentatives du Personnel (DP/CE/CHSCT).
François GRASA Secrétaire Général Fédération FO Cheminots